Remarquable, par ses grappes blanches bleutées et jaunâtres à la jonction de ses fleurs, par ses odeurs de vinaigre, de tubéreuse, de miel et de jasmin, la glycine reste insaisissable dans ses odeurs, que ce soit par extraction ou distillation. En parfumerie, il faut la retranscrire à travers d’autres matières premières ou substances de synthèse. Une fleur d’interprétation, demandant à être inventée si on entend la fixer. Trois semaines dans l’année, mi avril, représentent le moment où l’on peut la saisir, sur pied, dans l’éclat bourdonnant de ses odeurs et de ses teintes. Puis elle bascule en feuilles vert intense, redevenant désir différé, jusqu’au prochain cycle annuel. Reste une ramure étirée au long de murs de pierres. Cet insaisissable a peut-être une raison qui nous échappe, une propriété physique opposée à la captation, rétention, fixation.
De tout, nous cherchons à faire sens ; à tout, nous cherchons à donner sens.
Dans un couchant métallique, à l’approche de la Gironde, le bateau déplace le vide entre les atomes sans altérer la sensation de beauté fixe, quand un chaos est peut-être à l’œuvre sous la carène. Mais toi, moi, nous et la centaine de présents sur le pont en ce soir d’été en avril, semblent exprimer une harmonie entière, liée à celle des rives du port industriel et des prairies humides qui se font face, des quais de la ville classique et des roseaux sauvages. L’arc de mon bras forme un cingle imaginaire sur ce fleuve rectiligne. L’arc de mon bras enserre sans entraves ta hanche et ta taille de danseuse cavalière. L’ajustement n’est pas compliqué mais rare. L’ajustement au soleil andalou, à son intensité calme, à la vigueur d’un fin corps de passions justes, joyeuses, légères, profondes. Ta matière entre en moi à mesure que je te pénètre.
Lentement
Ouvrant
L’autre
Aimant
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