Sur la terrasse d’une nuit d’été
l’étoile filante traverse l’odeur des figues suries
— illusion olfactive
dans l’avalanche
enseveli sous plusieurs mètres
le grand blanc devient noir profond
durcissant le souffle en un masque hermétique
la torpeur de l’été est un voile d’illusion
un trouble de chaleur sur l’image du lointain
la torpeur est un germe
des livres sont dans la maison
qui ouvrent à un certain monde
je les laisse fermés
pour m’ouvrir au monde
d’ici
l’enclos est le cercle des possibles
des odeurs vertes
qui entrent en terre
à travers l’entrelacs
des branches du figuier
des peaux de fruit déchirées par les oiseaux
duvetées de moisissure grise
ici
chaque année
je fais ce voyage statique
qui chaque année
m’ouvre
à ce qui était là
à quelques centaines de mètres
dans les fonds de vallons
fermes invues
insues
repliées
abandonnées parfois
deux formes de voyages me traversent : au près, au loin
au loin, il m’arrive de me sentir au plus près
au plus près
je vois le dénuement
l’évidemment du réel
à portée de main
il fallut ces années
avant de l’arpenter
ici