Comme un poing
dense et vivant
au ventre
un poing d’ouverture
sous le vent des rizières
à cinq heures du matin la lumière cendrée éclaire les palmiers
à cinq heures le bras n’est pas encore dressé à la proue du bateau
deux aigles de mer tournoient à notre aplomb
les cocotiers sont piqués d’aigrettes
les cormorans tendent leur cou de serpent et leurs ailes pour les sécher au vent
le temps a l’épaisseur fluide du fleuve.
Nos ombres de nuit rapprochées
forment un point d’ouverture
parmi ces stèles ces dieux sous toutes leurs formes
beurrés de camphre, cendre, pigments, huile.
Nos ombres de jour appariées
tissent une histoire
jour par jour
du golfe du Bengale aux théiers du Kerala à la mer d’Arabie.
Une danse de (re)construction sous la chaleur moite de février.
Un élan vers l’Inde du Sud sans en connaître le sens
la collision des signes d’air.
Ci-gît la terre
sous les pâles du ventilateur
dans les chants palis oubliés
il y aura un retour à terre
il le faudra
poursuivre la trajectoire
la navigation à l’étoile
double et unique