être juste un être juste
marchant dans la pénombre de l’ancienne base sous-marine
entre des bâches peintes vives de visages et d’arbres
de cavaliers mythologiques fers de lance d’une possible rêvéalité
dense de santal
éclaboussée
cabossée de palmes vertes et de fèves noires
être juste dans sa voie en apprenant à la poser
léger
le voile lilas à la fenêtre de ma chambre bouge au vent
et c’est signe que je vis
en prononçant lieve involucro
une enveloppe légère descend sur moi
et m’enveloppe de toute sa force
en écoutant
les yeux fermés sur les formes du son
la paghjella chantée à Saint-Pierre un soir d’automne
par quatre hommes debout de face
les yeux fermés
la main droite phalanges ouvertes vers le haut
je ne comprends pas
mais je suis traversé des angles d’a seconda
de la ligne d’horizon d’u bassu
des crêtes d’a terza
je rejoins mes frères anonymes
Ange, Julien, Lucas, Sophie, Pierre
et dans le bruit électrique d’A cantina
j’entends des jambes me bousculer
des mains se poser
sur mon bras mon épaule
une haleine et des seins me parler de trop près
je suis à la porte à la rue
des paroles s’y échangent
avec deux inconnues se livrant un peu
sous la protection de la nuit
je retourne a dentro
je regarde
enregistre
mémorise les trois chanteurs accoudés au comptoir
la main en pavillon sur leur oreille
laissant sortir ces voix antérieures
qui les traversent
il est temps
de revenir au quai
au fleuve
désamarré
de le descendre sur sa parallèle sud
de devenir l’arbre de pluie
sans parole
en chanté
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