De nos bouches sortait un soleil
l’écart qui nous tenait unis si denses
naissait aussi de ce vide qui
à intervalle régulier
laissait passer entre nous le souffle du corps
nous tenait en haleine
de ne s’être jamais encore touchés vus respirés pénétrés
ce soleil qui nous tient lieu d’étoile
bombe nos ventres
d’un désir qui dépasse les mots
emporte les pensées
crée la douce sauvagerie
de l’idée
de nos corps descendant dans nos âmes
au fond de nous se tient l’abîmé
du sol nous le sortons
lui gardant aux yeux
le bandeau protecteur
que peu à peu
nous défaisons
le regard s’ouvre à neuf
sort de terre
touche une phalange un orteil un pli sous le bras ou le genou
je sais je sens qu’ample
ta bouche mangerait tout ce qu’elle trouverait
sur son passage
d’après l’ascèse
et que la patience la délicatesse
je t’apprendrai
dans l’esprit du corps non affamé
abandonné au plus beau sens du terme
présent et offert
à nos tendresses crues d’hommes—femmes
un jour l’union se fera
nous faisant
un peu plus
arc de ciel vers la terre
amants sans âge
libérés des gouttes d’eau
humains perpétuels