parce que j’en suis là
là
très loin de las
et néanmoins
déjà
au point d’inflexion
qui d’une main me fait tenir
mes parents
alertes
et de l’autre
mes enfants
presque femmes
parce que j’en suis là
le goût juvénile de la reconnaissance
emplit encore ma bouche
par cycles
j’ai la joie de pouvoir cesser
à tout moment
me disant
que des vies en moi
ont dévidé
déjà
là
là
très loin de las
et néanmoins
empli d’un manque
qui sans cesse se reforme
et repousse la possibilité
de ne plus se projeter
alors
la très frêle voix de la très jeune fille
se disant à fleur peau – skinny, birdy, right ?
tend les vibrations
a capella
forte
piano
me donnant à entendre
que le coche est manqué
alors
statique
le temps me fait entrer en lui
puis
d’un léger décalage
dans sa tempe
et j’entre
entre
je suis
d’une main
de l’autre
je tiens des espoirs perdus
des projections inenclenchées
des constructions
sur lesquelles
je ne m’attarde pas
tourné vers l’angle mort
de ce qui m’échappe encore
à venir
ou fui
j’avais ces rêves
de jeunesse
que la voix puissante
de la très jeune fille
rend d’un coup
à leur âge
je les ai toujours
aux sillons du corps
je m’étais rêvé
d’un destin
où la fulgurance
devait marquer
le jeune âge
mais comprends-tu
à cet âge
j’avais au front
au regard
la légère cicatrice
d’une brèche bleu de gris
et quand d’une main
je me tiendrai
au bord de la vie
que de l’autre
le souvenir tiendra mes parents
passés sous le tissu de la terre
que mes enfants
devenus parents
se tiendront
au centre de leur vie
je ne sais
si je regarderai encore
l’angle mort
ou si
par lui
je serai regardé
j’aurai accumulé des traces
de passage
sans jamais vraiment
aller au terme
à l’aboutissement
de l’une d’elles
et cette main veinée bleu de gris
sera vibration
saccade
involontaires
par le jeu de la vie
qui s’échappe
cette main sera
la ligne de front
l’épreuve du feu
la bascule
de l’autre
je lâcherai
souvenirs et rancœurs
les offrant
par vingt-cinq mètres de fond
aux courants de Garonne
à ces mains
succèderont
en chaine
celles d’une descendance
potentielle
dans la transmission
sans mémoire
des rires et sourires
D.
V.
qui vient ensuite ?
qui fuit ?
qui fut ?
donnez-moi tous les noms
je les porterai unis vers ciel
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