Sous
l’arcane des arbres, le blanc risque d’être confondu avec un fantôme et
traversé de flèches s’il ne chante pour manifester sa présence. Il lui faudra
dormir sur des claies de bois à dix mètres du sol, manger les vers annelés de
blanc, écouter les récits d’enfants piqués à mort par des serpents cachés de
feuilles, confectionner une nasse à poissons avec des tiges, sculpter un arc et
ses flèches destinées à tous les gibiers (grenouilles, oiseaux, cochons
sauvages, agresseurs), cuire la farine de sagou après avoir pilonné le tronc de
l’arbre pendant des heures, tester la guimbarde, affronter le réseau de la
forêt, en apprendre les premiers marqueurs pour survivre. « Où est la grandeur ? »,
demandait la voix intérieure avant de s’enfoncer une semaine dans la perte des
repères. J’ai vu une réponse dans les yeux, les sourires et la pudeur des
gestes, d’inconnu à inconnu, de quelqu’un à quelqu’un plus que de personne à
personne. Ils se sont observés, identifiés, reconnus, estimés. Ils se sont fait
égaux de son et de main. Puis chacun retourna à sa forêt, pleurant la parenthèse
qui les fit chasseurs d’ombres et d’esprits, pendant que l’arbre fendu donnait goutte
à goutte.
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