La
méduse noire d’étourneaux s’assemble et se désagrège à la seconde sous les
plongées d’éperviers, fond de ciel romain. Ailleurs, les nuages d’oiseaux
alternent entre guet de survie et gué de désaltération. Sur des dizaines de
mètres, les fourmis dressent un corridor agressif et décapitent les mantes
religieuses qui s’y risquent. L’ensemble joue l’entraide plus que la lutte. En
mer, les caravelles dressaient des croix. Les presses créaient la lame des premiers
imprimés quand l’astrolabe cherchait son nord nouveau, entre fierté et
solidarité, héritage et futur - fait d’hier ou de demain, d’Est ou d’Ouest
- certains savent que toute direction choisie, prolongée sur la circonférence
de la terre, ramène toujours à l’origine. D’autres, portant le livre sans
esprit, veulent avant tout se sentir guerriers, communautaires, forts de leur
droit et de l’authenticité de leurs gènes (mêlés, forcément mêlés). Mais quel
animal accepterait de boire seul à la rivière ? Il y voit les reflets de
son choix, se croyant libre et messianique, niant le corps et le visage de la
femme, l’étranger, l’impur, arborant tous les stigmates du croyant, infondé à
trouver en lui le fondement de la force, à retourner le bâton vers la source et
à laisser sortir le flux calme des origines.