La vie est de brûler des questions.
Je ne conçois pas d’œuvre comme détachée de la vie. »
Antonin Artaud,
L’Ombilic des Limbes
Note écrite par la poètesse Nathalie Riera.
Après tout même toi/Dopo tutto anche tu
34 poèmes de Alda Merini traduits par Patricia Dao
« disait le poète disait l’ouvrier » collection de poésie contemporaine
La
paix est si petite, Alda Merini, on ignore vraiment ce qu’il faut pour
s’apaiser. Sagesse de brûler toutes questions, mais allégresse quand croire que la folie est un profond lien d’amour. L’art
de l’amour.
Enfant de la déréliction, mais avec tout à la fois
l’heureuse certitude d’avoir été profondément aimée, et la cruauté d’avoir été
assassinée.
Mais que
la mort vienne/Ma che la morte venga
de la
main qui te devait des caresses,/dalla mano che ti doveva carezze,
mais que
l’amour cache l’étreinte mortelle,/ma che l’amore nasconda l’abbraccio mortale,
Dieu
résous-moi cette énigme !/Dio risolvimi questo enigma !
(p.64)
Vous
lire, Alda Merini, c’est se demander : la poésie intéresse t-elle le
poète ? N’est-elle pas, à l’instar de l’esprit, en dehors même de ce que
nous nommons poésie ?
***
Il
y a la lutte et il y a le goût pour vivre, il y a ce qu’il faut atteindre de
soi et qui est inatteignable, il y a les débâcles pour nous dire les précarités
de toutes choses. Il y a ce qui s’use, ce qu’il faut endurer. Il y a les
deuils, il y a le chant qui tremble, pénétration, palpitation, la voix qui aime
qui se plaint, le vivant à la lisière de ce qui s’efface de ce qui revient de
ce qui n’a jamais disparu.
Et
puis, il y a cette histoire, entre elle et lui. Alda Merini et Angelo
Guarnieri. Cette amitié tendre et solide,
qui dure désormais depuis 1995 .
dans l’amour de tous,
je n’ai plus un souffle de jeunesse.
Je voudrais escalader des montagnes
énormes,
embrasser les murs de ma maison,
me sentir sale pleine de boue.
Pourtant ici chaque jour
ils prennent soin de moi.
Et lentement ça m’éteint.
(p.63)
Sepolta
dentro l’amore di tutti,
non ho piu un respiro di giovinezza.
Vorrei scalare montagne enormi,
Baciare i muri della mia casa,
sentimi sporca di fango.
Eppure qui ogni giorno
hanno cura di me.
E questo lentamente mi spegne.
***
a dit un jour Salvatore Quasimodo à Alda Merini
Parce que
tu aimes le monde entier/Perché ami il mondo intero…
(p.106)