Un vert exubérant se renforce encore dans le sud de
l’ancienne île bourbon, entre Mare à citron, Ravine des cabris, Puits aux
Anglais, Anse des cascades, Manapany, Mare à poule d’eau, Bras Panon, Takamaka,
Ilet vidot. Au lever du jour le lagon est plat comme un miroir. La veille dans
une église soixante choristes, trois solistes et un orchestre de chambre
ondulaient d’un rouge corail. L’analogie est le tout. Si l’on entre en elle par
le cœur on atteint l’intérieur des sons et du sens. Au sud les fleurs parsèment
le vert. La lave se frotte aux vagues et résiste comme un basalte. Cette crique
cabossée au vent se présente comme aux temps des premiers explorateurs. Un
concert vu comme un paysage premier, une anse entendue comme un chœur
lyrique : quelle différence dans l’harmonie des planètes ? La
respiration du cœur ne se désire ni ne s’apprend, elle se révèle, incidemment.
Sur cette île il faillit mourir à 26 ans, sous
l’effet de la pénicilline qui ravinait sa peau sous laquelle des staphylocoques
dorés avaient proliféré. Peut-être est-ce la raison qui lui fit sentir la
nouveauté des instants ici, leur intensité. « Après une semaine passée entre la vie et la mort au services des grands
brûlés de l’hôpital de Saint-Denis, ce n’est pas au temps que j’ai pensé en
sortant de ma chambre stérile, c’est à la première bouffée d’air qui entra dans
mes poumons. Elle avait un goût inédit et délicieux : celui de la vie
retrouvée ».
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