« J’avais
pensé à une tonalité A : jaune
- Oui, je nous aurais bien vus traversant San Francisco, being sure to
wear, some flowers in our hair
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Et à Delhi, on aurait posté des messages à la con sur ces réseaux où l’on se
flique soi-même
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À Ankara, on se serait explosé en écoutant Alban et les atonaux
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Le sentiment d’adolescence à tout âge on l’aurait perpétué à Antananarivo
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L’oseille qui perce les poches et tombe dans le gosier il y faut du suant :
Kuala Lumpur
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Arrête avec tes clichés
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Laisse tomber, viens t’assoir sur mon canapé déglingué en photo
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On vient de partir, tu lâches déjà ? À Londonderry tu vois la vie en noir
et blanc
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Et Paris, t’en fais quoi ?
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Laisse les villages aux Romains, envoie-toi plutôt à Tampa Bay, au milieu de
quelque part, port industriel et palmiers envahissants de vert
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Là je suis dans la techno, dans n’importe quelle boîte à deux balles de la
planète
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L’hypnose tu l’atteindras plus surement en regardant le levant à la Isleta del
Moro
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Je le connais ton coin de paradis même pas répertorié sur Google Maps. L’Eden,
le vrai, c’est Lisboa
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Pour avoir l’impression de dormir éveillé sur les pas de Pessoa ? Tu me
fais rire, trace vers l’Érythrée, là où les voyants finissent leur vie
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Autant chercher la lumière crue de Londres
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Elle existe, elle vaut celle de Genève même
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Pourquoi pas Torino tant que tu y es ?
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Aussi
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Recife, là, rien que par le nom, tu vis déjà le rêve
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shoots et vol à l’arrachée aux coins
de rue
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Et sur la Lune, tu y as pensé ?
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Plutôt Andromède ou une galaxie spirale
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Tokyo alors ?
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Magnétique, oui ; mystique quand transférée vers Kyo|to
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Oublie tout ça, une jam session, partout dans le monde ; et tu es le
monde, vibrant
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Pas con. Jazz music, Malcolm Mc Laren, les revivals, l’acide, Burroughs à
Tanger et sa machine à écrire d’où sortent des scarabées
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La vraie vie, elle est forcément bien dessinée
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Essaouira ?
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Oui. J’avais pensé à une tonalité L : bleue. »