Sans connaître tous ces gens - ou alors si vaguement, de nom, de métier, par amis interposés - on peut feuilleter leur album extime placardé sur des réseaux publics. Sans rien savoir d’eux on connaît tout ou presque de leur vie sociale, les écoles qu’ils ont fréquentées, le nom de leur conjoint qui elle / lui aussi tient place publique en ligne, l’entreprise où ils travaillent, les livres qu’ils aiment, les villes qu’ils visitent, leurs marottes, leurs coups de cœur ou de gueule, leur humeur du jour, leur adhésion à des groupes plus ou moins existentiels (Contre les connards qui donnent pas de nouvelles le lendemain ~ Ceux qui disent ‘j’arrive’ alors qu’ils sont encore chez eux ~ Ceux qui regardaient leur âge au fond du verre à la cantine). Ceci dit sans morgue ni dégoût ni rejet, puisqu’on est dans la même mouvance et qu’on agit aussi à coups d’ombres publiées et de lumière conservée. Ceci dit par soudain effet miroir de sa propre inclination ; et se coltiner à l’image renvoyée par les autres étant comme une partie amplifiée de soi n’est plus la même affaire que de se dédoubler en croyant chercher sincèrement une voie partageable alors que tant de fois on s’est pris dans les dents : « Seule ta quête t’intéresse » et que cette répétition même laisse accroire que l’assertion est vraie et cette possibilité ou quasi certitude est d’autant plus dure à accepter qu’elle casse le mythe de l’ouverture entretenu en soi. Le mérite du lyrisme n’est pas dans l’épanchement de « Si nos vies… » mais dans l’effet révélateur de la personnalité de son propagateur, et souvent à son insu. En quelque sorte, le lyrisme est une eau-forte, une écriture sous acide - au singulier.
S'aimer un peu plus au travers des ombres publiques et autres ex-mangeurs de colle clépatra..Que dire de ceux qui regardent encore leur âge avec appréhension derrière les verres? ça ne nous rajeunit pas,parfois...
Rédigé par : sista | 26/07/2008 à 05:22