L’enveloppe d’une chambre anéchoïque crée un
espace absolument artificiel et oppressant. Le bruit ne cesse pas tout à
fait, on peut encore parler. Mais tout écho est impossible. Sa voix est
perçue seulement de l’intérieur. Le miroir sonore formé par la matière a
disparu. À cela s’ajoutait le noir capitonné de cette cave voûtée. Seuls de
temps en temps vacillaient quelques secondes des lampions, matérialisant le
passage de particules élémentaires, muons détectés par des capteurs
sophistiqués. Cette immersion me renvoyait à mes pires cauchemars vécus
adolescent, lorsque je me réveillais en sursaut et cherchais en vain, dans le
noir et le silence total, un signal auquel me raccrocher. J’étais flottant
dans un espace opposé à celui que j’imagine de la mort, léger et lumineux. |
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Flottant à la surface de la
Manche, près du rivage de Trouville-sur-Mer, par une dernière journée tiède
de septembre, les yeux ancrés dans quelques nuages effilés sur un ciel bleu,
mes oreilles immergées, je ne percevais plus que le battement intensifié de
mon cœur et ma respiration filtrée par la surface de l’eau. La sensation était
fraîche, mais ce jour dénudé de vent m’empêchait d’avoir froid. Du sol
pourtant tout proche monta l’angoisse d’être emporté ou englouti, invu par
les promeneurs du dimanche qui sillonnaient la plage habillés comme en hiver.
Descente dans l’eau profonde de soi. Quelques brasses, plongeons et je
regagnais la rive pour m’étendre dos au soleil, la peau affermie et rougie
par l’exercice. |
Début de soirée, rentré chez
soi.
Le retrait du jour est déjà
là, sous un clapot de pluie.
J’ai encore le silence et le
sel sur la peau.
« Je t’aime et tu me manques, c’est ainsi ».
Chambre ou mer, l’écho du
monde finit toujours par revenir.
On trace une onde qui, de
joie, devient un jour de choc.
30 septembre
2007