poésie ~ photo ~ écrits ~ éditions d'Aldébaran ~ passeurs

Reste à trouver ce passage

Reste à trouver ce passage dont on dit qu’il nous trouve quand nous relâchons les défenses

l’expérience qui en est rapportée par les prédécesseurs dit l’entrée dans une dimension nouvelle & présente sans discontinuer en notre mémoire non souvenante

ces récits appellent au soulèvement mais l’idée de la saveur ne donne pas la connaissance d’un kaki posé fondant sur la langue

paré de toute l’imagerie des conquêtes spatiales (casque sous le bras, combinaison, fusée et son aire de propulsion) née des Saisons d’Artavazd Pelechian,

l’invol m’attend

28 novembre 2006

Le corps en mouvement de danseurs noueux déliés

Le corps en mouvement de danseurs noueux déliés possède ce claquement cette ondulation qui aspirent l’attention malgré la résille scénique descendant des cintres et bloquant à mi-vue les spectateurs du balcon

sur ce damier de 4 par 4 s’enchaînent les torsions tantôt saccadées au point d’en flouter le contour des mains tantôt détaillées telles le nu descendant un escalier

j’aime la palpitation qui circule les jeux de scène de distance confrontation les surimpressions de vidéo et de bande-son qui font aussi la texture, imaginaire, d’une ville

les rets du réseau

les éclairs les couleurs syncopées

pour au final côtoyer des danseurs aux orbites cernées un verre à la main au foyer de l’opéra

je m’en retourne par la perspective corbuséenne d’un front de Seine arasé par la dernière guerre sous l’ombre blanche de la cathédrale illuminée

« Cité radieuse »

23 novembre 2006

Choisir cette ville dans un pays inconnu

Choisir cette ville dans un pays inconnu, c’était répondre à une demande intérieure surgie soudainement ou façonnée peu à peu. Je ne sais plus maintenant ; je me trouve dans une réalité autre, où j’ai atteint ce sentiment d’infamiliarité, né du désorientement de l’ouïe, de la vue, du goût. “Altra lengua : tradutore traditore”.

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Je me surpris

Je me surpris à recevoir la fine pluie de novembre comme un soleil d’automne en terrasse. Une sensation de détente qui part du visage pour se répandre dans le corps entier en marche sur les pavés du quartier historique de cette ville. Un acte à première vue insignifiant – la perte de la membrane plastique de mes lunettes qui intercale sa texture entre le cerclage métallique de la monture et les arêtes osseuses du nez – me donnait motivation à sortir, à délaisser quelques minutes ma compagnie, seule présence durable dans l’appartement où je venais d’emménager récemment et d’où je travaillais et vivais, en lisière de ce quartier historique délimité par des façades à pans de bois polychromes et le passage d’un banal trottoir bitumé aux rondes-bosses du pavage. 

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D’avoir fait l’amour comme nos mères

D’avoir fait l’amour comme nos mères par des cuisses suintées un pendule dit le rythme de vie le lumineux objet du désir sphère entaillée suspendue au-dessus du croissant va viens va-et-vient un plus un plus un plus un depuis que des cellules ont bâti nos corps verticales entre terre et ciel nous aimons les redites de cette scène de genre où l’espace entier semble passer dans le court-circuit des pensées une parenthèse enfin une pour traverser les corps astraux et revenir au sang de soi au battement capuchon écart et renflement de quelques vies futures

10 novembre 2006

Quai forain de la Saint Romain

Vedute

Je me vêts de noir

Je me vêts de noir et en image marche près d’une rivière mellifère

[soudain un mot se révèle dans sa chair phonétique avant d’être dépiauté jusqu’à son suc abstrait. Il s’impose aux sens-conscience. Il suscite le désir de le voir assemblé à d’autres mots, en création, par acte gratuit à soi seul demandé]

au droit d’une acacieraie – plus que d’une hêtraie ou d’une chêneraie

dernières sensations d’été depuis une tour : des tuiles des vignes une terre plate et un aplomb gris

je suinte au hammam sud d’une île atlantique

entouré de corps de tous âges et textures qui déplacent un air salin saturé d’eau en suspension

une dense silhouette mate traverse le champ de vision

associée quelques jours après à une hypnose musicale

au fond (ou ailleurs) je sens l’envie d’écrire un bref récit qui mêlerait ces sensations

mais sans trouver l’énergie nécessaire constante

quelques mots rassemblés forment un feu de plage, de nuit, d’été

préparatoire au grand embrasement espéré

et jusqu’à présent

différé

6 novembre 2006