J’ai aimé, au détour d’une salle de musée (Beaux-arts de Bruxelles) ou d’une fondation (Bemberg à Toulouse) me figer face à la force des couleurs saturées employées par le grand Pierre, de son petit nom. Comme il l’a écrit lui-même, il ne s’agit pas de rendre la vie en peinture, mais de rendre la peinture vivante. Ou encore, une toile vit par elle-même, par le jeu des rapports de couleur et de surface qui y trouvent leur équilibre.
À visiter l’exposition du Musée d’art moderne de la ville de Paris, je me suis rapidement essoufflé à cette enfilade de près d’une centaine de peintures. Les nus sont là, les paysages, les intérieurs, et cette façon si personnelle de traiter la perspective dans le milieu et le haut de la plupart des tableaux, pour mieux laisser chuter sur deux dimensions le bas de la toile, créant un effet d’affaissement étonnant.
Mais bon, trop de couleurs, trop de tons, trop de violet aubergine jouxtant de jaune de cadmium, et si peu d’ouverture vers un horizon, un ciel, une aération, ont eu raison de ma perception, rassasiée et qui n’aspirait plus à retourner au vert parsemé des arbres d’un printemps parisien.
Pierre Bonnard, vos toiles resteront une délectation, à condition que je les goûte comme un fruit inattendu et unique, pour sa force explosive en bouche.