Parfois, j'atteins une grâce intérieure. Tout s'ordonne, tout s'apaise, tout est fort, croiser des êtres dans la rue me fait sentir à quel point nous jouons naturellement nos vies sur cette scène, avec des masques d'épaisseur variées, de "vraies" natures, nos joies, quêtes et tourments.
Puis, je retombe dans le désarroi des blessures, des obsessions, des peurs. Je me sens inabouti dans mes entrailles et cela me met en désarroi, en coupures, j'ai des tessons dans le ventre, l'esprit obstrué. La conscience que tout cela, ce mal et son remède, gisent en moi, accentue le sentiment de responsabilité impuissante. Oui, je suis à la source de ma paix et de mon bonheur. Oui, j'ai les moyens de me vivre serein. Mais souvent j'en ai perdu la clé. Et parfois, l'énergie à la chercher, envisageant une sortie de vie comme la cessation de ce trouble remué depuis six ans, passage charnière de l'an 2000.
Et je suis toujours là, à cogiter, à prier, à créer, à échanger. Et je partage ma quête avec l'aimée, portant en elle les mêmes stigmates, les mêmes mécanismes d'auto limitation vécue comme une défense, car la souffrance serait le résultat inéluctable, n'est-ce pas ?
Non. Je me désarme de patience. Je me sais sur scène, apprenti humain. Je tâche de déposer quelques masques, à tout le moins d'en prévenir mes partenaires de jeu de vie. Je lis et relis, approfondis la quête par l'intellect, les entrailles. Tâchant de faire monter la connaissance d'un niveau, du cortex vers le plexus. J'en suis là. J'en suis en vie.
12 décembre 2005