poésie ~ photo ~ écrits ~ éditions d'Aldébaran ~ passeurs:

La perte de l’atome faite brisure d’énergie

La perte de l’atome faite brisure d’énergie,

refondre l’œuvre au blanc, les cycles du quotidien

quitter la baie et son emporium

gagner les baies

se faire chasseur - non plus par métaphore

vivre au tranchant

techné réduite à l’inscription sur des parois

par vestige de métal ou ossement humain animal

« Nous serons les premiers »

dessinés par biefs et chaos

lavés du fer de la rouelle

inconscients d’avoir été, bien auparavant,

préfigurés dans l’encre de prédelles

29 avril 2004

La couleur immobile se transmet par la saison

je fixe le même point de vue à lo ngueur de moments

et le cercle avance d’un ton à l’autre

il n’y a pas d’urgence à vivre ce passage de la végétation point à sa forme saturée

quelques centimètres de bascule et la Méditerranée monte par les pins

mon corps a gardé la mémoire de ces matières

comme une empreinte libre

mon sang a la texture et le goût des écorces d’arbre du verre des poteaux électriques du pli de l’aine des tuiles réfractées

je dis cela depuis une ascendance vécue à Lourdios-Ichère ou ailleurs

mes confins sont de sable découpé

et le rivage que je deviens se creuse à chaque montée de ma cage thoracique

j’y dessine une poignée d’îles – Sanguinaires, Sous-le-Vent

les bois de sel poncés sont des pontons possibles

quand l’absence de vent tamise la réalité

29 octobre 2004

La colline se vide de sa substance

La colline se vide de sa substance par la chaleur de l’après-midi

sol et ciel en écoinçons, fixes

nature morte

par retrait des déplacements d’air et de ce qu’ils véhiculent

mais tout cela est encore si vivant

quelques traversées du cadre suffisent

à plisser ce qui tendrait au décor

la vie dans son branle-haut insuffle

je pose ces mots faute d’être là-bas, près de la rivière coudée (riu tort), marchant sur la galerie en surplomb de la cour intérieure de la maison (elle sent le noyer et le craquement des peintures exposées au sud tout le jour durant), allongé dans la fraîcheur du bruit de la rivière en contrebas de la pièce aux murs de galets et d’enduit ocre, dans le tressage de la torpeur et des souvenirs, du temps brassé et des êtres qui m’ont côtoyé empli, dans la reliure de ces vies dévidées

inanimé d’autant plus vivant

ce qui t’a empreint jusque-là dessinera ton empreinte

29 juillet 2004

La colline (sa représentation) a encore varié

l’étonnant est de lire, encore, ce renouvellement

dans le cercle chromatique du temps

fixée ce jour, la teinte vert ardoise (végétation & bâtis) comme étirée vers la face du ciel, à quelques jours du solstice d’été

le motif et son élévation.

Je comprends | ressens cela depuis l’ouverture de l’Œil

18 juin 2004

Je suis d’époques plissées dans le même instant

de mondes façonnables par l’empreinte du texte

voilà le levier de ma limite et de ma puissance

senti dans le roulis de l’océan en retrait

quand la masse mobile sait désanimer un corps en une fraction

après /pendant / avant : d’autres êtres vivent la même pensée

je suis le lien qu’ils furent et seront

31 août 2004

Nous nous exposons à la douleur de la mort dans le seul temps d’une vie

Je ne suis plus l’homme et la femme que j’ai étés

Je ne suis plus l’homme et la femme que j’ai été

le cigarillo fumé en bord de fenêtre au soleil puis jeté sur la concrétion d’un ciel de nuit

la nostalgie qui m’ouvre au réconfort de la dépendance

la toute puissante volonté qui bleuit le corps par retrait d’oxygène

les corps projetés du passé

les retours à la géodésie en d’autres compagnies

la vision tant de fois palpable de mon corps relié par le haut à l’arbre qui le porte

l’attachement et la maîtrise

les pans lumineux et sombres d’une même réalité

l’écartèlement des mille vies à vouloir vivre

la soustraction des expériences

la perte d’énergie à vivre contre soi

les voyages vécus dans le suspens du rêve

les blessures vivifiées sous serres

la rencontre de l’attendu

je suis encore tout cela pour l’écrire, très partiellement

10 novembre 2004

J’aligne les signes par les bords

J’aligne les signes par les bords je suis ceux qui me succèderont l’odeur des corps recomposés la volte de l’arc électriq ue entre deux masses à terre Agua Amarga et son front de mer inoccupé sous la pluie quinze ans après en Normandie le scintillement d’avant l’étoile je suis entouré du vacillement de flammes comme alors imaginé j’y vis vivace traversé de toute part je m’y gagne j’étends la surface de mes membres irradiés par le souffle d’une échelle ou le bris d’un cadran de montre en deux matins d’août levant je sais retourner cette énergie à la source accentuée par la saccade des signes tracés au noir voulue indéchiffrable l’entre m’atteint plus que les surfaces à réunir sans en connaître la physique sans prise identifiée geste toujours entamé j’ai tenté de saigner langage

13 octobre 2004

Il y eut ton corps qui prit d’emblée la forme de l’évidence

mit des larmes dans ma jouissance

me fit circuler librement à l’intérieur de qui je deviens

m’amplifie et me relie à tout ce dont jamais je ne fus vraiment séparé

donne libre cours à mes moitiés d’être d’homme et de femme

me donne envie de te porter à tes propres bordures

que tu découvres en retour

me manifeste ce que le réel génère quand on le vit à bras le corps,

enfin

il y eut ton corps qui d’emblée me dit qu’un être l’animait

vital de s’être cherché et de s’entrapercevoir

enfin

dans sa lumière intérieure

que je ressens à pleines mains

il est Toi

vécue au présent

insécable

infinissable

21 octobre 2004

Il y a parfois comme un obscurcissement, nécessaire

le désorientement est initiation

cérémonial se jouant à chaque confrontation nouvelle

traversés, les textes deviennent évidence

dans l’ésotérisme de la poésie, le voile n’est pas la réalité

le scribe fixe le rapport d’étonnement, dans une nudité qui en devient indéchiffrable à nombre

parcourir l’exode à rebours, le vivre dans son écorce, nécessite de se déposséder

totalement

le sens se façonne alors de lui-même, à mesure du parcours motif

10 décembre 2003

Horizon|mot

la jonchée d’aiguilles

le corps de surface

trament à la verticale pins et leur découpe au noir

loin des vives du colza et des pousses en stries, //

dire cela, le reformuler,

ne change rien à la physique du monde

ne pas l’écrire, n’informe en rien

remâcher

l’île vignes salants

est en soi

désignation

monde

29 avril 2004

Dans le delta du ciel

il y a bien un estuaire

l’œil du cyclone

et ses ramifications

depuis la cime des herbes hautes,

des arbres cézanniens saisis en contre-plongée,

cette fois c’est bien le ciel qui est à mes pieds

un renversement de perspectives

suffit-il à rapprocher du désormais inanimé ?

d’ici haut je collecte les pans de toile

assemblage de bouleaux évidés, de fourmilières, d’aiguilles et de nuées

dans un grand brassement je t’offre le tout, à toi feu

si vivace dans nos êtres par le malt de ton visage

parsemé aux cinq coins de

terre

ciel

chute

vent

et marée

G. Starck

1945 – 2003

24 juillet 2003

Dans la texture de la ville

tout est découpage

pluie levante d'après soleil

perte des flamboyants annoncée par l'Orient

minimale boucle de la vita nuova par jamais renouvelée

tempi minimaux dans leur variation

cesser de te vouloir vivant

cesser

1^er mai 2003

Cyclamens

Tu exhortes son nom

Poutrelles soleil levant

Cimes

Abbaye en ruines

Tu sinues sans situer

Manoir, arbre, cheval

Tous les éléments sont là, du décor

Tu regardes encore toujours

Viaduc gibets

Cheval vapeur

Mécanique mouvement

La plaine stérile au regard

Espace plan

Aplat de lame sans manche

Le sommeil point

De nouveau des clives

Ressaut cambrure

À toi d’y voir clair

Trouée sous la ville

Passage au noir

Troglodyte

Gaze de brume

Cultures

Bâtisses

Roue du silence

23 août 2000

Chercher son nom

Chercher son nom pour s’ouvrir un contre ciel

nom d’un cheminement renversé

judaïque

nom d’une singularité

(non l’imposée à la coupure du lien, identique

mais façonnée par forage & fibrillation)

nom se révélant

(non d’une parole d’écorce, Jessée

mais d’une é|motion,

stabilité de l’être à être,

cerclant le genre en étant la cible et la flèche-paradoxe

tendue|tirée|fichée au même point-mouvement)

nom-être

acte de foi sans bûcher ni livres

vivre son nom avant de le trouver

puis, l’ayant,

et avant de franchir la brèche

l’imprononcer par voiles paraphrases anagrammes

A...a / h.....n

29 mars 2004

Cette chaleur – inscrite dans l’été

Cette chaleur – inscrite dans l’été d’une jeunesse au piémont des Pyrénées

est

imaginable

inatteignable

a l’odeur

d’ardoises ardentes perçues au plus près de la nuque, courbée sous le grenier

un toucher

d’irritations (poussières et pailles en tourbillons lus dans une fente lumineuse)

une sonorité

de craquements de bois dilatés, d’insectes

un goût

de cendres – ainsi est l’enzyme du passé

une plaie

de territoire occupé un temps

devenu retranchement de mémoire

7 juin 2004

Ce n’est pas dans la « ville blanche »

c’est la cité capitale désarman te

d’esprit « calme et tranquille

calme et tranquille »

de perspectives classiques reconstruites

de collines, sept

d’atlantique

d’horizon dépassable des explorateurs introvertissant leur voyage

des Indes Afriques Brésils vers le centre sans axe de celui qui se prétend être

c’est cette langue drue, mur de pluie qui vous inerve jusqu’à l’océan majeur

c’est Tage,

Alfama,

Baixa,

Chiado,

Xabregas…

composant son nom et ses formes

L

I

S

B

O

A

3 décembre 2002

Ayant rompu

Ayant rompu la ligne de partage entre ciel et chair

su le sel de l’apostasie

abjuré propriété et airain

vécu les limites d’un langage à défaut d’atteindre le limes de la langue

rejeté l’âge et ses dérivés

alterné être-non-être, vivant d’autant l’aplat d’espace, crue et limon qui forme un temps

anticipé le processus d’un tout délié à une mémoire répartie

travaillé les stigmates à même le vélin d’une peau, la mienne

je puis dire ces si peu là

formuler l’almageste demanderait une autre envergure

à l’humain que j’abrite

29 mars 2004

Ătman II

Ătman

je me serai baigné au moins une fois un

dans l’énergie-monde

et j’aurai senti l’espace s’écouler par mon ventre

- cette grâce pressentie p ar mes inscriptions

il n’y a plus de traversée depuis que j’ai vécu l’identique dans son égalité :

tout flux entrant / sortant = celui qui s’écrit là maintenant

l’expérience de l’unique est notre possible

28 septembre 2004

Ainsi vu

Ainsi vu par l’embrasure du mur le ciel perd son délavement gris pour toucher au bleu sa non étendue est un don où placer rivets et trachées nous y laisserons les outils de vie quand désarçonnés il faudra poursuivre l’attirail ferreux et nos scarifications portés à bout de moignons – j’ai vu cette femme aux mains rattachées à ses épaules – l’air hors de portée de nos tronçons d’humanité figure futur & passé fermentés nous y fûmes y serons tous mêlés tu peux sentir cela ces mouvements qui portent l’empreinte des lignées personnelles respirer dépose dans tes poumons l’extrait de ces corps défaits leur mémoire et cette part irréductible : être